Aux cendres de la vie.
Si j’étais le vent, je commencerais tout doucement.
Ce serait le matin, le premier matin du monde.
Timide au début, je balbutierais.
Un seul souffle, le premier, un murmure.
Je n’aurais pas beaucoup de force, je naîtrais tout simplement à la vie.
Puis, je gonflerais mes voiles.
Porté par la caresse du jour, bercé par la douceur de la nuit,
Je partirais à la rencontre du monde, libre, heureux.
D’abord, je serais léger comme la brise des matins d’été.
Je m’enroulerais dans l’ailleurs comme un chat devant la cheminée.
Je ronronnerais.
Si l’on ne me chatouille pas dans le sens du poil,
Je pourrais mordre, griffer, déchirer, hurler.
Puis, je prendrais mon envol.
Fripon, je deviendrais le vent dans les branches,
Le vent soudain, incontrôlable, impatient.
Je désobéirais.
Je serais tour à tour, frivole, bourrasque, tempête, ouragan.
De feu ou de sable, je m’infiltrerais partout où l’on ne m’attend pas, tourbillonnant.
Et j’atteindrais mon apogée.
Puis je m’assagirais.
Je laisserais ma plainte s’adoucir, s’immobiliser, peu-à-peu se taire.
Alors, je deviendrais un seul souffle mais cette fois, sans doute, ce serait le dernier.
Ainsi ondule le vent, du premier cri au dernier soupir,
Dans le crépitement de la vie,
Quand les flammes deviennent braises,
Pour ne pas laisser le feu engloutir les rêves.
Dominique RIFF