Volcanique, la terre de ce petit bout d’Amérique centrale.
Joyeuses parfois, les fumeroles qui s’échappent des cratères,
pour jouer avec les nuages
Fertiles, sont devenues les pentes des terrasses,
nourries par les alluvions de ces géants de feu.
Après des réveils meurtriers,
cette terre reste toujours vulnérable
aux sursauts capricieux de sa respiration.
Une autre lave couve dans les entrailles de ce petit pays Maya.
Des cicatrices encore béantes, d’un conflit armé
qui le secoua pendant trois décennies :
Une extermination sauvage , oubliée de l’Histoire.
Des milliers de disparus, dont des enfants arrachés
à leurs familles par des soldats impitoyables,
Vendus, parfois, pour des adoptions illégales.
La douleur indicible est prisonnière du cratère.
La parole s’échappe peu, car cette histoire est tabou.
Le mal ronge les corps et les esprits.
Deuil impossible, espérance incertaine.
Le cri est là, telle la lave, prête à exploser.
La déchirure est profonde, tel le magma bouillant
des entrailles de la terre.
Il y eut cette rencontre improbable
qui a bouleversé et ouvert les cœurs.
Il y eut cette femme qui cherche depuis plus de
quarante ans, ses sœurs jumelles disparues.
Il y eut cette idée d’honorer les victimes,
pour ne pas oublier, pour garder l’espérance.
Il y eut ces bras pour accueillir la souffrance,
enfouie au fond du volcan.
La lame de douleur, telle un jet de lave,
a pu sortir de ce ventre de feu.
La bienveillance a accueilli ces fragments bouillants,
pour en faire un engrais.
Des abrazos ont laissé couler les pleurs,
jusqu’à l’apaisement.
Il y eut le volcan.
Il y eut la lave.
Enfin …est la paix.
,
Anne de Beaumont
8 février 2025
Antigua- Guatemala