Grâce,
Le si bel alizé ourlant les champs de blé
La brume sur le col au tout petit matin
Les cent mille étoiles au ciel illuminé
La pluie printanière à l’arôme surfin
La mer en colère qui gifle la jetée
Sur le roc le chamois d’un seul coup bondissant
La moisson exultant, meule à meule fêtée
Le silence nocturne effleuré par l’autan
Le V des passereaux à l’automne en partance
La neige en volutes sur le sentier blanchi
L’éclair tonitruant de toute sa puissance
La secrète cascade et son bord rafraîchi
Le son des carillons qui interpelle l’âme
Le chant blessant du coq pour l’éternel espoir
Au fond de la forêt, l’appel pressant du brame
Le feu à l’horizon, rouge soir après soir
Le Beau, le noir de jais, le blanc, le blanc d’albâtre
L’ivresse qui monte des fleurs et du bourdon
Un tableau suffocant pour un coeur prêt à battre
La hauteur de la nef renversant la Raison
En vrac, en quelques mots, en un jet qui l’embrasse
La terre subjuguée s’ouvre à l’infinie Grâce.
Hervé Lapillonne