FRONTIÈRES,
Attaché aux marches, le chevalier de La Tour scrutait
Au loin la ligne des petits bois d’où pouvaient surgir
à tout moment, les hordes des démons.
Poing serré sur la garde de son estoc, il comptait de sa main libre
Les rares fermes dans le no man’s land que les vilains s’échinaient
à exploiter malgré des attaques récurrentes.
La nuit, même la lune semblait veiller au grain…
La pendule sonne. Tôt ou tard, christ viendra.
En attendant, sa voix feutrée éclot,
Comme une ligne de démarcation entre deux mondes.
La folie guette cependant tel un prédateur tenu à distance.
Misérables despotes qui envahissent les pays voisins :
L’Histoire les vomira.
Ce sont des corbeaux noirs de mort qui coassent
leurs mots pervers !
La grandeur des canons ne mesure que la bassesse des hommes.
Frontières entre jour et obscurité. Insaisissables.
Elles se disent de droit et claires comme l’eau de source.
Pourtant, depuis les origines, elles sont rouges de sang versé.
Les loups les franchissent sans ambages.
Hervé LAPILLONNE
