Paraqueux
Dans les fissures des roches,
comme ces souhaits de papier cachés dans un mur saint,
sont glissés
nos joies, nos jeux d’hier
Sur le Mont Paraqueux.
Le petit bois captif
cerné de barbelés
garde dans son stalag
des guerres de babets,
des rires sans entailles.
Le goudron de la route
s’il fond encore parfois
ne colle plus jamais
aux étés de nos fugues.
Ne pas redescendre
Car la vallée qui souffle
A volé notre temps, nos chansons et nos vies.
Futur en embuscade
brigand de grand chemin
dérobe les visages
en dépouillant nos jours
de la lumière blanche
qui baignait nos cheveux
de rochers en buissons
sur le Mont Paraqueux
usé, le dos tout rond,
si ancien qu’il ruisselle.
Son âme de mica
me confie ces éclats
d’enfance
qui s’accrochent à ma voix.
Paraqueux, père des eaux
qui se penche sur la ville
criblée de projets
et traversée d’oublis.
Tu sais garder pour moi
Tous ces commencements
Qui n’habitent qu’au fond
De ces années enfuies
Que je respire encore.
Je me cachais ici
Et vous un peu par là
Les ronces en armure
Les plosses en épée
Les pieds en aventure.
Jus des mûres écrasées
qui tache ma mémoire
envols de sauterelles
dans le soir qui descend.
C’est contre ton ventre gris
et dans l’écart des bras
de ta croix qui me berce
que sont gardées pour moi
ces images si claires
de mes secrets d’enfance.
