Éphémère, effet mère
Neuf moi(s)
Neuf mois
Dans un aquarium amniotique
Dans une poussette de chair
Dans un nid dôme
Neuf mois
Quatorze kilogrammes d’attente
Pleine d’espoir
Neuf mois
A tricoter du vide
A alourdir ma peur
A guetter le sang d’encre
Neuf mois
Où la toile se tend
Puis la tente se fissure
L’arc décoche ses flèches en piquets lancinants d’une longue fulgurance : assauts de contractions ;
L’enceinte est assiégée
Il a été neuf mois…
Les jours ronds de l’attente
Ont cédé sous le poids des dernières heures de l’épineuse Impatience
A implorer la délivrance
A attendre que le nombril
Tel le phénix renaisse du dedans
Il est une fois : Emma.
Déjà, te voilà !
Sémaphore dans la nuit qui me fait mammaire
Déjà, tu effaces tout
Les neuf mois gigognes sont gommés
Et deux moi neufs font connaissance
Et déjà te voilà
Les yeux ouverts, sur moi
Ton cri bégaie ta surprise au monde
Ta main enserre mon doigt
Le bord de ta lèvre ourlée trouve son repos sur l’aréole brune de mon sein
Déjà tout coule de source
Et déjà, la course est enclenchée
Qui donne à ma contemplation
De tes toutes premières fois
Des allures d’urgence contre une nostalgie
Programmée
Marion
13 novembre 2016