Étrange paradoxe qu’en cette période où les habitants sont cloitrés, parfois angoissés, entassés, confinés, qu’ils ont un besoin d’aller respirer… les parcs soient bouclés.
Étrange paradoxe que des salariés courageux (ou contraints) portent des masques pour protéger les clients, mais qu’eux-mêmes ne soient pas isolés par un hygiaphone.
Étrange paradoxe que les pompiers, les soignants, les policiers qui risquent leur vie pour nous sauver soient insultés, menacés, décrédibilisés.
Étrange paradoxe qu’une personne ayant du temps libre, étant en bonne santé soit assignée à résidence avec l’ordre de ne pas bouger plutôt qu’aller aider.
Étrange paradoxe que nous fermions des usines fabriquant des masques, des bouteilles d’oxygène et qu’au lieu de les sauver, nous continuions à acheter à l’étranger.
Étrange paradoxe qu’on nous inonde à la télévision d’émissions anxiogènes et récurrentes alors que nous avons besoin de gaîté et de sérénité.
Étrange paradoxe que le silence des rues – plus de rodéos motos, plus de klaxons – au lieu de nous reposer soit ressenti comme l’imminence d’un danger.
Étrange paradoxe que lorsque les habitants ont un sentiment d’insécurité, on ne voit pas de policiers. Et qu’aujourd’hui, les honnêtes gens aient besoin d’un laissez-passer.
Étrange paradoxe que tout ce temps disponible nous permette de lire encore et encore, mais que les librairies soient fermées.
Étrange paradoxe que, lorsque les Français délaissent les grandes surfaces au profit des « petits » commerces, on les oblige à y retourner sous prétexte d’une meilleure sécurité.
Étrange paradoxe que les grands-parents ayant plus que jamais besoin de leurs petits-enfants n’aient pas tous une tablette (spéciale seniors ?) pour continuer à communiquer.
Étrange paradoxe, que l’Église qui, au fil des siècles a organisé des processions, des prières face aux pandémies, soit aujourd’hui priée de se taire.
Étrange paradoxe qu’en ce temps où la préservation de la planète soit au cœur de tous, on nous demande d’imprimer (tous les jours ?) une attestation. Simplifions et gommons.
Des paradoxes adroitement pointés et bien exprimés.