Il fait nuit depuis longtemps.
Son pas d’ivrogne résonne dans l’escalier.
Comment ses enfants pourraient-ils dormir
Quand ils attendent, quand ils entendent
Un souffle d’ogre ?
« Courage », se dit-elle, pour désarmer la peur.
Une porte, quelques mots qui enflent
Tornade, coups, rage,
Elle n’a même plus de mots pour supplier
Silence… les voisins…
Au matin, comme un clown dérisoire,
Elle maquille le fruit des blessures
Mais pas la blessure.
Il y a encore des lendemains,
Ce pas d’ivrogne dans l’escalier
Et les enfants qui ne savent plus dormir.
Alors un matin, elle pousse la porte du commissariat.
L’homme qui la reçoit
L’invite à s’asseoir ;
Il a le visage grave, un regard doux.
Elle entend dans ses yeux le mot « courage ».
Elle se met à pleurer
Elle se met à parler.