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Partie au Mexique, visiter mon fils cadet qui y travaille depuis un an, me voici soudain interrompue dans mon voyage de découverte du pays !
Seule dans le Sud mexicain, en train de découvrir ce site archéologique Maya de Palenque, quand les frontières se ferment,  avec impossibilité de poursuivre mon périple. En même temps, il aurait été dangereux , vus mon âge et mes antécédents cardiaques, de rentrer trop vite en France en plein milieu du pic de la pandémie !
Je choisis donc, de rester confinée,  au fond de la forêt tropicale mexicaine, dans une petite cabane isolée, pour y attendre des jours meilleurs.
De ma fenêtre de cabane, je vois des arbres géants, aux racines tortueuses, qui s’étalent, à défaut de s’enfoncer dans le sol. Des bananiers enchevêtrés à côté de grandes fleurs tropicales aux pétales d’une couleur rouge vif. Certaines fleurs se dressent vers le ciel, fières, avec leurs grappes de pétales rouges comme en érection. D’autres tiges portent des sortes d’éventails de pétales rouges, courbés vers le sol.
Au milieu de nombreuses plantes grasses, aux feuilles nervurées de jaune, des feuillus de toutes sortes et des arbres aux tailles bien variées.
Des troncs très larges  côtoient des arbres plus fluets.  Mais toujours ce règne de l’abondance et du luxuriant.
Mille variétés de nuances de vert, avec des saprophytes qui s’accrochent aux branches comme des plantes pendantes ou des tiges de plantes issues du sol qui enserrent les troncs de leurs grandes feuilles nervurées.
Jardin tropical luxuriant, qui sert d’abri généreux à des dizaines d’oiseaux, aux chants les plus variés. Du cri strident et long, ressemblant à celui de la chicharra ou des sons glougloutants d’un autre oiseau comme sorti de l’eau ou des cris des perroquets qui passent parfois par paires au-dessus de ces arbres majestueux.
Et surtout ces arbres sont le refuge régulier, plusieurs fois par jour, de dizaines de singes. Tôt la nuit avant le lever du jour, et une heure avant la tombée de la nuit, ils se retrouvent dans ces branches.  Exercice spectaculaire où ils sautent de branche en branche, utilisent leur queue pour s’équilibrer quand le support est trop léger pour supporter leur poids, escaladent le long du tronc et passent d’arbre en arbre à une vitesse impressionnante.  À certains moments, ils interrompent leur grimpette, pour un repos immobile ou pour attraper leur nourriture du jour. Et le soir et le matin, ils donnent un concert incroyable de cris, plutôt de hurlements rauques  (qui leur valent d’ailleurs ce nom de « singes hurleurs »), avec des gammes graves et longues. Impressionnants cris…. dans le silence de la nuit. Ces hurlements de singes,  s’ils font peur à certains, sont pour moi, un des plus beaux langages de la forêt, dans sa dimension sauvage : Je me sens immergée dans une autre planète, celle de la jungle et du lien fœtal à notre mère nourricière. Là, je retrouve le sens de ma condition humaine, immergée dans cette nature si essentielle pour notre survie.
Ce confinement fut pour moi un cadeau de la vie, pour me relier à mes essentiels et à ma connexion avec l’Univers.
Anne de BEAUMONT

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