La littérature japonaise

Les mémoires d’un chat, Hiro Arikawa, éditions Actes sud, coll. Babel, 8,70€

Nana est un chat de gouttière adopté il y a quelques années par Satoru, alors jeune homme. Avec un franc parler plein de gouaille, notre héros à poils nous raconte ses aventures alors que Satoru, touché par un événement imprévu, parcourt le pays à la recherche d’un nouveau foyer pour son chat. Nana va alors découvrir le passé poignant de Satoru. Leur expédition permet de nous familiariser avec maints aspects de la société japonaise.

« Les mémoires d’un chat » s’adresse aux ailurophiles 🙂 bien sûr, mais aussi à tous les lecteurs sensibles aux liens d’adoption et ceux qui unissent l’homme et l’animal. Il s’agit d’un texte plein d’humour et vraiment touchant.

Eloge de l’ombre, Junichirô Tanizaki, éd. Verdier, 16.50€

Un texte court, poétique qui met en évidence une tradition japonaise de mise en valeur de la pénombre, du jeu des ombres, contrairement à la conception occidentale qui porte aux nues les espaces pleinement éclairés. Au-delà de cette analyse des espaces, l’auteur déplore également la disparition d’un Japon ancestral progressivement influencé par notre civilisation occidentale de pleine lumière…

L’ombre du chardon, Aki Shimazaki, éd. Babel, 6,80€

En cinq livres, l’Ombre du Chardon nous fait découvrir cinq personnages, dont les routes se croisent au gré du hasard. Un livre par personnage donc, pour plonger dans leur passé, avoir accès à leurs doutes et insécurités. Les secrets sont nombreux, certains très douloureux. Mais surtout, à travers ces individualités, Aki Shimazaki nous révèle le fonctionnement de la société japonaise : les mariages arrangés, les secrets de famille, le façonnage d’une image sociale. Pour nous dépeindre cela, la plume d’Aki Shimazaki s’habille de douceur et de poésie.

L’école des chats, Kim Jin-kyeong, éd. Picquier jeunesse, 16,90€

Imaginez que les chatons se rendent tous les ans dans une grande école, imaginez qu’ils y apprennent à se chamailler et à faire leur toilette. Dans ce monde où les chats parlent et vivent en pensionnat, trois amis décident de braver les interdits pour se lancer dans de folles aventures. Ainsi, ils se rapprochent dangereusement de la Grotte de Cristal, dans laquelle le Chat Noir, qui ferait régner les ténèbres s’il était libre, est enfermé. Pour les inconditionnels d’Harry Potter et de chats, nous recommandons la lecture des aventures de Brin-d’Osier, Mandragore et Mot-d’Amour !

Soie, Alessandro Baricco, éd. Folio, 7€

Hervé Joncour est sériciculteur : il élève des vers à soie. Mais en Europe, dans les années 1860, une épidémie ravage les élevages. Il quitte alors femme et pays pour se rendre au Japon, y acheter des vers sains et sauver sa production de soie. Cette expédition le mène à découvrir une nouvelle culture, à développer un amour passionnel pour une japonaise, à se confronter au désir, au temps qui semble ralenti à l’Est de ce monde. Un texte court et beau, qui nous fait voyager.

La jeune femme et la mer, Catherine Meurisse, éd. Dargaud, 22,50€

Lorsqu’une occidentale voulant peindre la nature et un japonais voulant peindre une femme se croisent dans une résidence d’artistes, cela donne un conte incitant à la contemplation. Les deux créateurs discutent et comparent leur vision du monde et de l’art. Qu’est-ce qu’un tableau parfait ? Comment trouver l’inspiration ? Nami, la jeune fille qui tient l’auberge où ils logent, est-elle la réponse à leurs deux quêtes ?

La cantine de minuit, Yarô Abe, éd. Le lézard Noir, 18€

A Tokyo, dans le quartier Shinjuku, est établi un restaurant particulier, ouvert de minuit à 7h du matin. Le menu n’est composé que de deux sortes de plats, mais si votre hôte a de quoi, il vous cuisinera volontiers ce qu’il vous plaira. A la cantine de minuit, les habitués croisent les voyageurs de passage, les relations se nouent, les confidences vont bon train. Toujours autour d’un succulent petit plat. Les petits paragraphes qui composent ce manga d’exception nous font découvrir la vie tokyoïte par le petit trou de la serrure.  C’est digne d’un feuilleton de qualité, on ne s’en lasse pas, on en veut encore !

Les yeux d’Otonashi, Isabelle Wlodarczyk et Sacha Poliakova, éd. Didier Jeunesse, 14.20€

Un très beau conte japonais, tout droit sorti de l’imagination de l’auteure française ! Le grand maître Otonashi peint depuis toujours la même montagne. Son disciple Mirzu est également très doué mais se refuse par pudeur et humilité à dévoiler ses tableaux au grand jour. Jusqu’au jour où Otonashi, perdant progressivement la vue, n’arrive plus à peindre des tableaux de la qualité qui ont fait sa renommée. Mirzu va alors peindre en cachette la montagne si chère au Maître, et présenter ses tableaux comme ceux d’Otonashi…Ce magnifique album n’est pas seulement une histoire traitant de l’art, mais aussi, et surtout, une ode à l’entraide entre les générations.